C’est parti pour une nouvelle balade littéraire sur les traces du roman Les chats éraflés de Camille Goudeau publié aux éditions Gallimard.
Pour reprendre ces parcours, j’ai choisi de vous embarquer aux côtés d’une apprentie bouquiniste, Soizic. À travers ce texte, on suit les évolutions du personnage et on assiste à son goût de plus en plus prononcé pour ce métier particulier dont vous découvrirez les rouages Un grand merci à Vincent Gavarino (celui-là même qui avait illustré ma précédente balade sur les traces de Une éducation libertine) qui m’a fait découvrir ce livre et m’a laissée sauvagement corner son édition puisqu’il a même été jusqu’à me prêter son exemplaire !
Comme d’habitude, j’ai choisi des extraits associés à des lieux parisiens en essayant de ne pas trop vous en dévoiler pour vous laisser découvrir le roman par vous-même. J’espère que ça vous plaira et que ça vous donnera envie de lire ce livre qui est absolument génial !
Cartographie des lieux
1. Gare d’Austerlitz
Soizic monte à Paris sur un coup de tête pour fuir une jeunesse sans perspective.
Paris dans son ciel bleu, profond et sale, le parvis de la gare d’Austerlitz, métro aérien qui traverse emmailloté dans son tissage de fer au-dessus de ma tête. On s’est avancés dans le mois de mai. Je monte vers la ligne 5, ensuite il faudra prendre la 4 à Gare de l’Est, je vérifie plusieurs fois sur mon téléphone parce que j’ai peur de me tromper. L’hôtel est dans un quartier du dix-huitième arrondissement. Ils demandent une caution de 500 euros, et un loyer de 500 euros pour une chambrette de neuf mètres carrés avec vue sur cour, douche et évier. J’ai 1500 euros de côté. Ça tombe bien. C’est parfait. Je m’arrête à Château Rouge, bazar innommable, un marché tout étalé sur des poubelles le long de la rue, avec des bouts de plastique, des épluchures et des petits papiers partout, ça sent fort le poisson et la viande. Suivant mon GPS je descends la rue Poulet. Ce quartier détruit un peu l’image que j’avais de Paris, celle des rues immenses et pleines de voitures avec des gens bien habillés et riches sur des trottoirs parsemés de clochards.
p. 33-34
2. Tati Barbès
Je réfléchis longtemps à comment je vais faire pour me nourrir sans cuisine et sans frigo. Je n’ai pas mangé de la journée. Dehors le ciel est opaque, il tombe sur les toits, je me couvre et sors. C’est toujours pareil, bruyant, vivant, plein d’odeurs dont je n’ai pas l’habitude, de ville, de ciment humide, d’épices, de cuisines de restaurant et de poubelles, tout mélangé. Dans un des bazars qui envahissent le quartier, je trouve des plaques électriques, une poêle, une casserole, de la vaisselle pour 40 euros. C’est bien les bazars, il y a plein de choses, même du vernis à ongles et des moulins à vent, je vais y retourner souvent. Je suis une grosse consommatrice de saloperies qui ne servent à rien. En passant vers le métro aérien Barbès-Rochechouart, je découvre l’empereur des bazars, Tati. Tout un immeuble de trucs pas chers. Quand j’étais petite, il y avait un type sur France Inter qui faisait une chronique sur ce qu’il trouvait chez Tati. Je croyais que ce magasin n’existait pas vraiment. Que c’était un fantasme. Je vais y aller tout le temps. Je vais y claquer mon argent quand j’en aurai.
p. 39
3. Cambronne
Soizic part à un entretien d’embauche.
Je longe le métro aérien, m’en éloigne un peu, Cambronne. Il est neuf heures du matin, j’ai une heure d’avance. J’ai eu peur de ne pas entendre mon réveil, peur de changer trois fois de tenue et de me mettre en retard, de ne pas parvenir à hisser sur ma tête un chignon suffisamment mousseux et bien rangé. Mes cheveux ne répondent pas tous les jours à mon désir d’être coiffée. L’entreprise s’est révélée particulièrement ardue, il a fallu dix épingles et quatre tentatives. Impossible de savoir ensuite à quoi ils ressemblaient de profil et de derrière, après quelques selfies flous j’ai réalisé une vidéo autour de ma tête. Concluante. L’unique glace au-dessus de l’évier fait la taille d’un morceau de carrelage, l’image qu’elle me renvoie est abrupte, clairsemée de taches noires en surface. La crainte de me perdre à la sortie de la station a encombré mon esprit pendant tout le trajet. Je me suis imaginé que mon GPS m’enverrait à une fausse adresse et qu’il me faudrait retourner le pâté de maison dans tous les sens pour parvenir aux bureaux de Phone Régie. Mais tout a été simple. J’ai une heure d’avance exactement. J’avise la terrasse d’une brasserie en coin de rue et commande un café allongé. Fume un peu, mais pas trop.
p. 41-42
4. Quai de Montebello
Soizic part à la recherche d’un cousin qu’elle ne connaît pas et qui est bouquiniste.
Après étude de mon plan de métro, je m’enfonce dans la terre, les tunnels noirs de crasse et d’électricité, jusqu’à Cité. En sortant, je marche vers Notre-Dame, je vois ses grues et ses échafaudages. Des palissades colorées autour décrivent le projet de reconstruction. Elle ressemble à un grand récipient dont quelqu’un aurait cassé le couvercle. J’aurais bien aimé la voir entière avec sa flèche. Je longe les quais de Seine, “quai de Montebello, Bokné”. J’erre devant les caisses vertes pleines de livres et de cartes postales à la recherche d’un cousin que je n’ai jamais vu.
p. 46-47
5. Quai de Montebello
Il y a un type qui range des livres sur le trottoir. L’intérieur de ses “boîtes” est rouge vif et l’extérieur vert, comme chez les autres. Je ne vois que sa tête hirsute aux cheveux roux et crépus. Il porte un sweat à capuche noir sur lequel s’étale une vaste tête de mort, deux poissons s’enlacent sur le front du crâne, en dessous il est écrit “Sea Sheperd”. Je traverse la rue et me dirige vers lui, il doit faire à peu près la même taille que moi, j’arrive au bout des boîtes et bloque un peu alors que je regarde l’étalage de vieux Métal hurlant, je reconnais sur l’un d’eux un dessin de Moebius. Le cousin, si c’est bien lui, doit avoir à peu près mon âge, il est robuste et large, visage arrondi et rouge d’enfant à petits yeux perçants. Pendouille au bout de ses lèvres une roulée éteinte et à moitié fumée. Au bout d’un moment il remarque que je le regarde alors je n’ai plus vraiment le choix. Je cherche Bokné, je lui dis. Ouais c’est moi. Je m’appelle Soizic, je suis ta cousine apparemment. Ah?! Il ouvre grand les yeux, fronce les sourcils, ma cousine de quoi ? D’où ça ? C’est ma grand-mère qui me l’a dit, je bafouille. Mais… c’est qui ta grand-mère ? Jacqueline. Et il reste là à me regarder sans rien dire, l’air un peu abruti, je n’aurais jamais dû venir. C’est quoi ton nom de famille ? Costes. Moi aussi ! Mais attends, t’es la fille de Camille ? Ouais… La vache, d’accord ! J’étais paumé là, je suis désolé. Je ne sais pas quoi dire. De larges taches rouges s’éparpillent sur mes joues et il me sourit un peu timide. Mais qu’est-ce que tu fais là ? enfin je veux dire, c’est dingue ! Qu’est-ce qui t’amène ? Je sais pas je te connaissais pas, je viens d’arriver à Paris, je me demandais à quoi ça ressemble des cousins alors je suis venue. Silence, il m’observe de haut en bas, semble vouloir m’imprimer dans son cerveau. Moi je cherche les trains familiaux vainement, nous n’avons à première rien en commun, sinon peut-être quelque chose dans la chevelure. C’est vrai que tu ressembles à ta mère, puis t’es vachement grande hein !
p. 49-50
6. Quai de Montebello
J’allume une cigarette, la dixième, autour les autres bouquinistes sont partis. On a bu trois bières chacun, Bokné se balance et joue à se tenir en équilibre sur un côté de sa chaise. On parle beaucoup. Je pose plein de questions sur les bouquinistes. Comment ça marche ? Pourquoi il fait ça ? Est-ce qu’il y a des vols ? Est-ce que les boîtes restent là toute l’année ? Est-ce que les livres restent dans les boîtes quand il s’en va le soir ? “Hé ! les questions de touriste ma gueule, y en a deux mille comment tu veux que je les ramène chez moi, c’est un magasin, pas un stand de brocanteur !”, il rit beaucoup, il travaille quand il veut, il fait ce qu’il veut, il prend des vacances quand ça le chante, il n’y a personne au-dessus de lui pour lui dire de. Il y a bien un règlement, mais les bouquinistes et les règlements…C’est mon rêve américain sa liberté, est-ce que parfois il embauche des vendeurs ? “Je l’ai jamais fait, mais je pourrais ouais.” A côté de lui, avec mes questions et mon CDI d’hôtesse, je me sens bête.
p. 54
7. Quai de Montebello
On est de nouveau samedi. Les boîtes de Bokné sont faciles à trouver, je me souviens qu’elles sont plus hautes que les autres à côté, il y en a quatre, vert wagon maculées d’un gros tag qui ne ressemble à rien. Je m’adosse au muret, je suis arrivée trop tôt, il n’y a encore aucun bouquiniste. Je ne veux pas regarder la rue par peur d’avoir l’air de l’attendre, c’est idiot. Il verra très bien que je suis venue pour le voir, mon cousin. (…) Je reste une belle heure ici à me demander si ça m’irait d’y être tous les jours. Le trottoir est étroit, au loin, tout le long de Notre-Dame, des tas et des tas d’autres boîtes sont posées là comme de gros insectes verts qui dormiraient en ligne. Plusieurs fois je me retiens de m’en aller, finalement je me dis qu’à onze heure, s’il n’est toujours pas là, ou onze heure moins le quart ? Je ne me laisse pas le choix, je dois tenter. Des bateaux longilignes pleins de marchandises passent sous le petit pont, les moteurs se mettent à crier en cercle, des horloges battant un peu trop vite. Ils produisent un son des tréfonds, mon dos se met à vibrer tout seul, c’est quelque chose qu’on croirait venu de très loin sous la terre si on l’entendait sans savoir. Un bruit sorti des romans de Lovecraft. C’est très calme et très grave. Entre le monstre et le ventre. Le ventre. J’ai faim. Hé ! La cousine, qu’est-ce que tu fais là ? Je passais par là, je me suis dit que j’allais t’attendre. Mon cousin pose contre les boîtes un énorme cabas rempli de livres, en dépasse le sommet d’une tour Eiffel en métal. C’était bien ta semaine ? Ça s’est bien passé ta formation d’hôtesse ? il demande. Non… enfin elles m’ont rappelée au dernier moment pour me dire que finalement la personne ne partait pas et qu’elles n’avaient plus besoin de moi. Ah ouais ? Bah merde alors, t’as trouvé autre chose ? Pas pour l’instant, je sais pas comment faire, je misais vraiment là-dessus.
p. 68-69
8. Métro Château rouge
Soizic a commencé à travailler pour son cousin en tant que bouquiniste.
Une semaine s’est écoulée et je n’ai gagné que 200 euros. Le lundi, mardi, mercredi et jeudi, je n’ai pas dépassé les 100 euros de chiffre. Bokné a dit que c’était normal, est-ce qu’il le pense vraiment ? Très embêtant pour le loyer. Je dois en plus prendre dedans pour déjeuner. J’abandonne les Maya blondes pour les Interval à rouler. Aussi, d’après mes calculs, le métro parisien est trop cher pour moi. Je me renseigne sur la fraude, télécharge une application qui localise les contrôleurs. Dans la station Château-Rouge, je la mets en marche, observe les portiques et réfléchis à comment on fait pour sauter, est-ce que je ne pourrais pas plutôt passer par en-dessous ? Est-ce que les contrôleurs parisiens sont méchants ? Je regarde longtemps l’écran de mon téléphone qui jure ses grands dieux qu’il n’y a pas de contrôleurs et, finalement, vais m’acheter un ticket.
p. 92
9. Sacré coeur
Le soir je fais des courses pour le lendemain midi, achète une bière et rentre directement à l’hôtel. Les soirées et les jours de congé sont trop longs. Je recherche des activités à faire, même si je n’ai pas vraiment envie d’être active seule. A Paris, dans la grande ville, être seule, c’est pas pareil qu’ailleurs. La foule, du monde, au-dessus, en-dessous, sur les côtés. J’ai plus de repères, je les entends, je les vois et je les sens tous mais près de moi, accroché à moi, il n’y a personne. C’est du vide, une chute dans les branches, ne pas pouvoir les attraper. C’est un manque des autres quand ils sont partout. Ce n’est plus comme être seule à la campagne, là où il n’y a personne dans qui se regarder. Il est quatre heure trente du matin, je ne dors plus, j’enfile un blouson et sors. Le Sacré-Coeur n’est pas loin, je m’en suis rendu compte en tapant au hasard la destination sur l’iPhone. Quinze minutes à pied tout en dénivelé. Je me dis que la nuit et au début du jours ça doit être parfaitement beau et calme, comme sur les cartes postales de Bokné où le monument se couvre d’orange et jaune. Là-haut c’est désert sous les lampadaires et on se croirait dans un décor en carton-pâte installé là pour les touristes. Mais c’est bel et bien en dur et il y a vraiment des gens qui habitent les maisons couvertes de lierre. A un moment, je croise un champ de vignes et ne comprends pas pourquoi il est là. Je monte sans m’arrêter et ne regarde plus le GPS parce que je sais que le truc avec sa coupole de neige est tout en haut.
p. 95-96
10. Parvis de Notre-Dame
C’est l’anniversaire de Soizic. Elle attend donc que les gens se manifestent pour le lui souhaiter mais rien ne vient…
J’attends toujours que mes grands-parents téléphonent. A dix-huit heures, j’ouvre une bière. Puis une deuxième, et je serai où d’abord à vingt-cinq ans ? Est-ce que je serai toujours en vie ? Finalement, j’appelle mon cousin. Soizic ! Ça va ? Tu fais quoi ce soir ? Je suis devant Notre-Dame avec les copains, tu veux venir ? Je ramène du mousseux ! Ils sont trois devant la cathédrale, un mec aux dents pétées d’une quarantaine d’années, les yeux bleus comme le ciel, Bokné, et Mike, son colocataire, notre âge. Bokné boit de la 8.6, il est tout rouge comme d’habitude. L’ambiance est à peu près calme. Je mens quand mon cousin veut savoir si j’ai passé une bonne journée, je souris beaucoup. L’ami aux yeux bleus est bouquiniste, Henry il s’appelle, il a l’air de me connaître, moi je ne l’ai jamais remarqué, il dit qu’il me voit tous les jours, ses boîtes sont à trente mètres de celles de Bokné. Henry le bouquiniste fait une blague sur mes horaires de travail, selon lui je suis fauchée, je suis la première à ouvrir et la dernière à fermer. Je rétorque que j’ai tout l’argent qu’il me faut. Je ne réponds pas quand il me demande où j’habite et le montant de mon loyer, veut me décortiquer pendant que Bokné se remet à parler avec Mike. Il se renseigne sur l’état de ma culture littéraire et pense qu’une nana comme moi peut tout à fait réussir à Paris si elle sait s’entourer, mais de quoi il parle ? Je ne le suis pas, je veux fuir la conversation, ça commence mal, je n’aurais jamais dû venir, je fais des réponses brèves. Il fait celui qui connaît bien les jeunes, les femmes, les jeunes femmes, les femmes comme toi il leur faut un homme bien planté qui sait s’y prendre. Les hommes ne vont pas sans les femmes et l’inverse non plus, et d’ailleurs, exemple tout simple, ce n’est pas très prudent pour une jeune femme comme moi d’ouvrir seule et sans voisins sur les quais. Il pourrait m’arriver des bricoles. Il me propose son numéro de téléphone au cas où. “Ta gueule Henry !” finit par dire Bokné.
p. 115-116
11. Ledru-Rollin
Soizic a rendez-vous avec Bokné pour acheter des livres.
Il est sept heures du matin, je suis au rendez-vous à un endroit qui s’appelle Ledru-Rollin. Un gros boulevard très laid avec au milieu une rivière de béton piétonne protégée par quelques arbres et de l’herbe en petites touffes parsemées de mégots et de plastique. J’attends Bokné qui n’arrive pas. Baptiste, lui, est là avec dix minutes de retard. Moi je suis à l’heure, toujours très ponctuelle, le retard et l’avance m’angoissent, alors, à la minute près, je m’organise. On attend vingt minutes sans avoir trop de conversation, Baptiste pense qu’à sept heures trente il a déjà perdu quelques affaires, mon cousin est injoignable. Je vais pas attendre plus longtemps il finit par dire, il nous rejoindra bien quelque part à un moment. Mais je ne sais pas chiner, je devais apprendre… Eh bien je vais te montrer un peu, le sac à dos déjà, Soizic, si tu continues le métier, il faudra t’acheter un cabas, on se casse le dos avec les livres. Ah. C’est un travail de mule, bouquiniste. Je le suis dans les allées, entre les tables et les nappes installées par terre, envahies d’à peu près tout. (…) Baptiste s’arrête partout, il semble reconnaître les livres d’un coup d’œil à la tranche, moi je suis lente, j’hésite sur chaque titre, je prends deux Victor Hugo qu’il me fait reposer tout de suite. Regarde, c’est écrit en majuscules 2 euros sur la couverture, tu le vendras jamais à 3,50. Ah oui…, je dis bêtement.
p. 122-123
12. Quai de Montebello
Soizic tient toujours la boîte de Bokné qui a disparu et ne répond plus au téléphone…
Et je le vois. Comme s’il tombait du ciel, il ne vient d’aucun coin de la rue, simplement il est là, assis sur ce mur plein de fossiles. Bokné. Mais qu’est-ce que tu fous là ?! Eh bah putain ma grande ! il dit avec un large sourire, je t’embrasse pas je suis trop sale. Quelle histoire ! Mais t’étais en prison ? Ouais ! Comment tu sais ? J’ai appelé ton père, mais qu’est-ce qu’il s’est passé ? J’ai dérapé, c’était pas grand chose mais bon… Raconte. Jeudi, j’attendais devant la station Saint-Michel de finir mon joint avant de prendre le métro. Mais y a trois mecs de la BAC qui passaient par là, et bon, moi j’étais déjà bien fait comme il faut tu vois, le gars il me dit “Jette ton truc”, j’ai pas aimé la façon dont il avait tourné sa phrase et j’ai répondu “Mange tes morts”, voilà. La chose à pas faire, l’autre il est parti en vrille, menottes et tout le tralala, et bim dans la voiture, île de la Cité, sous-sol, dégrisement. Merde ! je dis. Ouais, puis même si le voyage était court, j’ai pas été facile dans la voiture. Je sais pas, c’est le vin blanc et puis la beuh, faut que j’arrête ce mélange-là, tu veux une bière ? Et sans attendre ma réponse, il en attrape deux dans le wagon-bar et les ouvre. Il continue : Le lendemain matin, je vais chez le procureur, le souci, c’est que j’ai un dossier… avec des petits trucs hein, mais tout additionné, il me dit, “Monsieur Coste, ça fait quatre mois de prison ferme”. C’est quoi les petits trucs ? Tout un tas d’infractions légères du même genre, c’est juste que quand on me parle je réponds toujours.
p. 140-141